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Les peintures de Islam Zian Alabdeen sur le thème du symbolisme nubien dans la rue intérieure à Cœur de ville
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Islam Zian-Alabdeen est un artiste peintre de renom, né à Khartoum, au Soudan. Il a beaucoup exposé au Soudan, ainsi qu’en France, en Europe, au Moyen-Orient, en Egypte, en Ethiopie, en Chine, aux États-Unis et au Canada. Il bénéficie d’une très grande notoriété au Soudan.
Une enfance nomade
Islam Zian-Alabdeen est né en 1969. Enfant, il a parcouru son pays aux côtés de son père instituteur et a ainsi découvert les différentes tribus, coutumes et légendes propres à chaque région (Nubie, Nil Bleu, mer Rouge, sud du Soudan…).
Dès 1987, il acquiert une certaine notoriété dans le milieu artistique soudanais, à travers diverses expositions dans des centres culturels : Centre culturel russe de Khartoum, le Centre culturel français, le British Council, le Gœthe Institut... ou encore en Jordanie.
L’opposition et l’exil
En 1990, après avoir pris part à des manifestations pacifistes étudiantes, il sera arrêté, torturé puis forcé, comme 28 autres étudiants, de quitter la faculté des Beaux-Arts de Khartoum, et de mettre ainsi un terme à ses études d’arts plastiques.
Plus tard, il devient professeur d’arts plastiques à l’International High School de Khartoum. Mais le régime politique du Soudan se durcissant, il fera partie de toute une génération d’artistes contraints de s’exiler, et c’est en 1999 qu’il se résout à chercher asile en France. Dès lors, malgré les difficultés, il enchaîne les rencontres et les expositions à l’international.
Retour
En 2006, après des années d’absence, il a pu retourner au Soudan et organiser avec le Centre culturel français de Khartoum l’exposition tant attendue. Celle-ci révèle au public combien son style a évolué, s’est affiné, s’est empreint désormais d’une certaine mixité, réunissant des mondes si différents, le nord et le sud, et mêlant réalité et imaginaire. En 2020, une exposition individuelle lui est consacrée à Khartoum, au cours de laquelle hommage lui est rendu officiellement pour son œuvre et son engagement envers le rayonnement artistique soudanais.
Une œuvre abondante
Islam fait preuve d’une créativité étonnante, tant par sa diversité que par une production foisonnante. Il s’inspire de différentes écoles d’art : classique, abstraite et symbolique. Son œuvre est attachée à la nature et au quotidien qu’il a connus sur sa terre natale. On y découvre un monde onirique abondant, empreint de symboles de la fécondité, du voyage et de la métamorphose.
Il s’exprime sur toile, papier, céramique, parfois sur tissu, à l’aide de matériaux tels que de l’encre d’imprimerie, de la « poudre des montagnes » ou pigment, de la peinture à l’huile, acrylique, aquarelle, dorure... et sur tous types de formats. Il se plait à travailler sur le relief de ses œuvres et à créer plusieurs niveaux d’écriture par à un jeu de transparences : mêlant deux dessins en un seul, il parvient à procurer toujours plus de surprise dans la lecture de ses œuvres.
Les œuvres d’Islam nous plongent d’emblée dans un univers onirique pour n’en plus ressortir. Par leur composition imprévisible, la beauté de leurs couleurs, leurs nombreux protagonistes, elles sont de véritables contes à elles seules, que l’on ne se lasse pas de déchiffrer.
Les personnages y sont récurrents : hommes, femmes, animaux. Homme sans visage, femme endormie, silhouettes lointaines… les êtres sont là mais restent libres de disparaître, de se fondre dans un monde poétique.
Ils se mêlent à une foule d’animaux ayant chacun une portée symbolique, venue des légendes tribales soudanaises. Islam s’inspire en effet d’une écriture archaïque des nomades, utilisant les animaux pour figurer des concepts.
Ainsi, le chat, énigmatique, doux et fuyant, représente-t-il l’amour. Insaisissable, libre et caressant. Non loin de lui, un poisson s’agite – mouvement et continuité –, un oiseau vole au-dessus d’une tête, telle la pensée volatile et fugace ; on aperçoit une vache, nourricière, protectrice, porteuse de vie, ici un dromadaire, compagnon de voyage, un éléphant, illustrant les espaces complémentaires de la ville et de la forêt, ou là un vieux crocodile, illustrant le passé et l’histoire de chacun.
Les décors eux aussi invitent à la rêverie. Tantôt plantés en plein désert – pyramides ocres et sable brun –, tantôt au bord du Nil – vie luxuriante, couleurs bleues, vertes… Parfois, au cœur d’un village ou au sein d’un foyer paisible, là où la vie quotidienne suit son cours, où une fenêtre permet à un rayon de lumière de pénétrer, à la pensée de s’échapper…
Ainsi, grâce à ce langage des images et à une palette de couleurs d’une étonnante beauté, Islam exprime-t-il avec finesse une foule de sentiments. Il a le don de rendre accessible ce qui nous semble parfois si insaisissable et c’est ainsi que le monde qu’il représente est à la fois serein et nostalgique, riche de vie et d’amour, apaisant et plein de surprises…
Artiste symboliste, Islam Zian-Alabdeen a construit son art autour de deux mondes : le Soudan de sa jeunesse, de ses racines profondes, et la France où il a sa famille, ses amis… Son œuvre est ainsi une invitation au partage, au partage des émotions, des cultures : une sublime invitation à la paix.
Anna Zian-Alabdeen